23 janvier 2012

Un web à la chinoise, pour sauver Justin Bieber

Au Sénat américain, les lobbyistes d’Hollywood et de l’industrie du disque, la fameuse Music And Film Industry Association of America™ (MAFIAA™sic) font pression pour passer au Congrès deux projets de lois anti-piratage: SOPA (Stop Online Piracy Act) et PIPA (Protect IP Act).

Deux mesures légales qui offrent aux propriétaires de contenus la possibilité de bloquer l’accès aux sites qui les proposent, de leur supprimer leurs publicités ainsi que de les retirer des résultats des moteurs de recherche.

Manque de perception de la réalité du marché? Ces lois ne sont-elle pas en vérité de magnifiques outils de censure? Dans le contexte des cybers conflits actuels avec les Iraniens et les Chinois par exemple, est-ce un outil merveilleux pour mettre en quarantaine une partie infecté du réseau? Ou alors n’est-ce qu’un outil de guerre économique?

Le principal souci est que ces systèmes sont extrêmement simples à contourner et ne stopperont pas les téléchargements. En effet les adresses IP de ces sites ou services fonctionneront toujours. De plus SOPA et PIPA permettront de paralyser très facilement de nouvelles startups dérangeantes en prétextant un mauvais filtrage des contenus. De nombreuses  plateformes de collaborations construites sur les principes d’une culture de l’échange et du remix pourraient passer pour des sites pirates aux yeux de certains juges (Soundcloud, Tumblr, Youtube). Et pour terminer, ces méthodes de filtrage affaibliraient un internet devenu moins stable, moins sécurisé.

Ce que l’industrie du disque et Hollywood essaient de faire ici et de mettre une fin une bonne fois pour toute à la distinction faite 1992 entre copie légale et copie illégale. Et d’arriver ainsi le plus rapidement possible à un système ou la copie elle-même devient interdite. Au nom de la protection des ayants droits, véritables outils de censure et de contrôle, ces deux projets inquiètent beaucoup et ont cette semaine, mobilisés un certain nombre de services américains à se positionner clairement contre. Ce Blackout, avec en figure de proue Wikipedia, Wired ou Reddit, serait peut-être un signe annonciateur: le sujet des libertés sur internet intéresserait peut-être enfin les fameux « early adopters ». Jusqu’ici il était réservé uniquement à une élite de techniciens et autres activistes, la minorité des « innovators ».

De nos jours l’industrie du show-business n’en est pas à sa première tentative de reprise de contrôle de ses oeuvres. De la VHS en passant par Napster, les technologies ont toujours redistribué les cartes, permettant à de nouveaux venus de proposer un meilleur service que les majors. Le problème n’est jamais le pirate. Il se comporte comme tous les consommateurs et s’adresse à celui qui a la meilleure offre. Malheureusement ni Hollywood ni l’industrie du disque n’ont la capacité de changer leur approche et d’intégrer les nouveaux usages et comportements des générations actuelles. Et c’est sans doute dans ce sens que grâce à SOPA et PIPA ils tentent de retarder leur transformation.

Comme disait l’architecte américain Richard Buckminster Fuller: « On ne change jamais les choses en combattant la réalité existante. Pour changer quelque chose, construisez un nouveau modèle qui rendra inutile l’ancien. »

A l’époque de Gutenberg déjà, l’Eglise avait lutté pendant très longtemps contre la diffusion de nouvelle idées grâce au livre imprimé.

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